Protocole de coopération pour la lutte contre les épidémies |
Protocole de coopération pour la lutte contre les épidémies dans les pays de l’Afrique de l’ouest, l’Algérie et le Tchad Préambule Vu la Constitution de l'Organisation mondiale de la santé dont les Etats participants sont membres, Vu la résolution AFR / RC 43 / R7 prise par les ministres de la santé des Etats membres lors du Comité régional de l'Afrique de l'Organisation mondiale de la santé, en 1993, à Gaborone, sur la surveillance épidémiologique des maladies transmissibles au niveau des districts, Considérant la fréquence, l’ampleur et la gravité des épidémies, notamment de méningite, de choléra, de rougeole et de fièvre jaune observées ces dernières années dans la sous – région, Considérant les ressources actuellement mobilisables et les technologies existantes pour prévenir et maîtriser les épidémies, Considérant les conclusions de la réunion sous-régionale des Ministres de la santé et des Ministres de l'Intérieur sur la lutte contre les épidémies en Afrique de l'ouest, l'Algérie et le Tchad tenue à Ouagadougou du 21 au 25 octobre 1996, Les Etats membres de la sous – région de l'Afrique de l'ouest, l'Algérie et le Tchad ci-dessous désignés « Etats participants » conviennent de ce qui suit. Chapitre 1 : Objectifs Les Etats participants affirment leur volonté commune de : - Mettre en œuvre, dans chacun des Etats participants, un ensemble minimum d'interventions visant à maîtriser les épidémies de méningite, de choléra, de rougeole et de fièvre jaune et à mieux protéger les populations contre ces épidémies ; - Mettre en commun leurs efforts et leurs ressources dans le cadre d'un plan de coopération sous-régionale pour lutter plus efficacement contre ces épidémies ; - Etablir un cadre de référence pour la collaboration avec les partenaires au développement sanitaire. Chapitre 2 : Plan national Les Etats participants, après un large échange d'expériences et une discussion approfondie suries voies et les moyens de mener plus efficacement la lutte contre les épidémies, conviennent que le préalable à toute coopération sous-régionale fructueuse réside dans une volonté et un engagement exprimés individuellement par chacun des Etats au travers d'un plan d'action national de préparation et de réponse aux épidémies. Ce plan doit être fondé sur une vision claire des résultats souhaités et sur un ensemble minimum d'interventions et d'activités, susceptibles de mobiliser toutes les structures et les institutions sanitaires nationales, l'ensemble des professionnels de la santé, les autres secteurs concernés, les communautés, ainsi que les partenaires. Ces interventions et activités se rapportent aux domaines complémentaires que sont : - la surveillance épidémiologique, - le renforcement des laboratoires, - la prise en charge des cas, - la vaccination de masse, - la mobilisation sociale, - la gestion des épidémies et - la coopération. Les Etats participants conviennent que les actions préconisées ci-après constituent les réponses appropriées et s'imposent comme essentielles pour atteindre les résultats souhaités au cours des deux années 1997 et 1998. Les maladies à potentiel épidémique visées sont la méningite, le choléra, la rougeole et la fièvre jaune. Surveillance épidémiologique La détection précoce des épidémies au niveau des équipes des centres de santé et des districts est un objectif central et constitue la clé de voûte de l'ensemble des interventions. Il est crucial d'assurer l'utilisation et la transmission rapide des données collectées par les centres de santé et les communautés vers l'équipe de district. Les Etats participants décident de mener les actions suivantes : - l'élaboration, la mise à jour, la diffusion et l'utilisation des directives et manuels techniques sur la surveillance épidémiologique et la lutte contre ces épidémies ; - la formation et le recyclage des personnels en prenant pour cibles prioritaires les personnels des centres de santé et les équipes de districts afin de les préparer à la prise de décision en cas d’alerte ; - la mise en place d'une surveillance de la résistance des germes aux médicaments standard sera une préoccupation permanente des services de santé ; - la mise en place d'outils simples pour l'enregistrement, la notification et l'analyse des données de surveillance épidémiologique, en dehors des périodes épidémiques tout comme pendant une épidémie - une supervision des personnels des centres de santé orientée vers l'évaluation des capacités réelles de détection des épidémies, de prise de décision et d'action locale immédiate ; - la mise en place des moyens adéquats de communication entre les différents niveaux du système de santé, en particulier entre les centres de santé et l'équipe de santé du district ; Le maintien en place du personnel formé à la surveillance épidémiologique, et à la lutte contre les épidémies ou son remplacement par du personnel de même compétence est d'une particulière importance. Un mécanisme approprié de motivation et d'utilisation rationnelle de ce personnel sera mis en œuvre. Renforcement des laboratoires La confirmation rapide de l'agent causal fait encore trop souvent défaut retardant les interventions susceptibles d'endiguer les épidémies. Le retard pris dans la recherche de la cause de l'épidémie entraîne des pertes en vies humaines et un gaspillage de ressources. Les Etats participants décident de mener les actions suivantes : - l'approvisionnement des laboratoires en équipements de base, en réactifs courants et en milieux de transport, aux niveaux appropriés du système de santé ; au préalable, une évaluation systématique des besoins sera nécessaire ; - la mise en place, aux niveaux appropriés de laboratoires ayant une capacité minimale de détection des épidémies et leur organisation en réseau ; - la formation et le recyclage des personnels des districts, tout particulièrement sur les techniques de prélèvement et de transport ; - l'approvisionnement de structures appropriées en matériel de transport des échantillons. Prise en charge des cas L'application des protocoles standards de prise en charge des cas par lei formations sanitaires, la disponibilité aux niveaux appropriés de stocks de sécurité en médicaments et consommables et leur gestion efficace constituent les facteurs déterminants dans le succès de la lutte contre les épidémies. - La production, la mise à jour, la diffusion des protocoles standards de prise en charge ; - la supervision et l'évaluation systématiques des personnels, avant et après le déclenchement d'une alerte épidémique ; - la formation et le recyclage des personnels des centres de santé en matière de prise en charge correcte des cas ; - l'identification des sites de stockage des médicaments d'urgence ; - l'estimation systématique des besoins en médicaments et autres produits (désinfectants et insecticides) ; - l'approvisionnement des sites identifiés en temps opportun; - la mise en place des outils de prévision et de gestion des stocks en fonction des besoins réels. L'accessibilité financière des populations aux soins pendant les épidémies peut poser problème; à cet effet, la mise en œuvre d'une réglementation appropriée en matière de gratuité des soins sera nécessaire ; Vaccination de masse Une application correcte des stratégies de vaccination de masse par les équipes de district et les centres de santé constitue un facteur de succès dans la maîtrise rapide des épidémies. Il est par conséquent indispensable de mettre en place aux niveaux appropriés, de stocks de sécurité en vaccins, équipements et consommables et un système de gestion efficace. . Les Etats participants décident de mener les actions suivantes: - l'élaboration, la diffusion et la mise en œuvre des stratégies nationales de vaccination de masse ; - la formation / recyclage, la supervision et l'évaluation des personnels, notamment en matière d'organisation des campagnes de vaccination ; - l'identification des sites de stockage de vaccins et consommables et leur approvisionnement afin d'assurer une mise à disposition rapide ; - la mise en place des outils pour estimer les besoins en vaccins en fonction de la stratégie retenue et la population de la zone à risque ; - l'évaluation de campagnes de vaccination en terme de couverture atteinte et d'efficacité. L'accessibilité financière des populations aux vaccinations lors des campagnes de masse sera garantie. Gestion des épidémies La mise en place et le fonctionnement approprié des comités intersectoriels de gestion des épidémies à tous les niveaux du système de santé sont indispensables. Pour ce faire il faudra mettre en place un système d'information pour le suivi et l'évaluation des interventions, la maîtrise de l'information pour le public et assurer la disponibilité de ressources spécifiques pour la réponse aux épidémies. La coordination de tous les intervenants pendant les opérations de lutte est une condition de succès. Les Etats participants décident de mener les actions suivantes : - la création et / ou la redynamisation des comités intersectoriels permanents de gestion des épidémies; - l'élaboration de plans d'action par ces comités ; - l'élaboration la diffusion et l'utilisation des outils de surveillance des opérations ; - l'évaluation systématique de la réponse aux épidémies à chaque niveau de responsabilité ; - la diffusion des rapports sur les épidémies ; - la mise en place de mécanismes de communication des informations dans lesquels les comités de gestion de l'épidémie jouent le rôle central ; - la création d'un fonds et l'allocation d'un budget national pour la lutte contre les épidémies ; - la mise en place de structures et de mécanismes de coordination de l'action des partenaires. Mobilisation sociale Pour assurer une mobilisation effective des populations en faveur de la lutte contre les épidémies, Les Etats participants décident de mener les actions suivantes : - l'élaboration et la mise en œuvre d'une stratégie de mobilisation sociale en faveur de la lutte contre les épidémies ; - la production de messages ciblés. En ce qui concerne la lutte contre le choléra, les Etats participants conviennent de : - l'élaboration et la mise en œuvre de stratégies de prévention à court terme notamment la chloration de l'eau de boisson, les mesures d'hygiène individuelle et collective et appropriée des populations. - L’élaboration et la mise en œuvre de stratégies de prévention à moyen et à long termes : mesures d'assainissement et d'approvisionnement en eau potable des populations à risque. L'utilisation des média déjà disponibles sera privilégiée, y compris les moyens de communication, de proche en proche, au niveau communautaire. Coopération Pour assurer une information rapide et régulière des pays voisins, des partenaires et des instances internationales, et favoriser une' coordination des interventions des partenaires, Les Etats participants décident de mener les actions suivantes: - la notification rapide et complète de toute alerte épidémique ; - la diffusion des documents de stratégie et les plans d'action aux partenaires ; - l'évaluation des mécanismes de coordination avec les partenaires. Chapitre 3 : Coopération entre les pays Les Etats participants décident de coopérer dans les domaines cités ci-dessus afin que les efforts individuels de chacun des pays puissent être soutenus par des actions menées collectivement. Surveillance épidémiologique Les Etats participants mettront en commun leur expertise et leurs ressources, notamment en matière de formation. Ils s'attacheront à coopérer de la formation des formateurs, à charge pour ces formateurs de mettre en œuvre un plan de formation dans leur pays. Des experts et des consultants nationaux ainsi que des Organismes sous-régionaux seront identifiés et rendus disponibles dans les plus brefs délais à tout pays qui en ferait la requête. Ces personnes ressources travailleront sous la coordination de l'équipe d'appui technique inter – pays que l'OMS a mise en place dans la sous – région. Renforcement des laboratoires Les Etats participants coordonneront leurs efforts pour assurer les analyses spécialisées et pour former et recycler les techniciens des laboratoires nationaux. Ils demanderont à l'OMS de mettre en place un réseau de laboratoires de référence sous-régionaux. Ces laboratoires sous-régionaux joueront également un rôle de référence en matière de surveillance de la sensibilité des germes aux médicaments et du contrôle de qualité. Prise en, charge des cas et campagne de vaccination de masse Les Etats participants harmoniseront, le protocole de prise en charge et leur stratégie de vaccination, en période épidémique, notamment dans les zones frontalières. Ils demanderont à l'OMS de mettre en place des stocks sous-régionaux de médicaments, de produits de désinfection, d'insecticides et de vaccins, et de coordonner l'échange et la circulation des médicaments et des vaccins entre les pays, en cas de besoin urgent. Les commandes groupées de médicaments seront envisagées. Par ailleurs les Etats participants demandent à l'OMS de poursuivre l'étude de la faisabilité d'une production de vaccins et de médicament dans la sous – région. Echange d'information Les Etats participants s'engagent à notifier immédiatement toute alerte épidémique à l'Oms. Dans le même temps, ils assureront, entre eux, un échange d'informations épidémiologiques, ainsi que toute information sanitaire d'intérêt général pour la lutte contre les épidémies. La même information sera partagée avec les partenaires. Les Etats participants demanderont à l'Oms de faciliter cet échange d'information, conformément à son mandat. Ils conviennent de la constitution d'une liste d'experts nationaux et la mise en place de mécanisme d'échange de ce personnel. Chapitre 4 : Cadre de la coopération sous – régionale Le plan de coopération pour la lutte contre les épidémies annexé à ce protocole énumère les résultats attendus, les activités à mener, les indicateurs de surveillance et d'évaluation, les échéances d'exécution, les responsabilités de mise en œuvre et les ressources ' nécessaires. Les Etats participants conviennent de s'entraider en cas d'épidémie majeure selon les besoins exprimés par chacun, sous forme d'appui soit technique, soit matériel. Ils demandent à l'OMS de faciliter l'expression de cette solidarité, notamment au travers de son équipe d'appui technique inter- pays. Une surveillance régulière de la mise en œuvre de cette coopération sera faite au travers de mécanismes appropriés, dont la coordination est assurée, à la demande des Etats participants, par l'Organisation mondiale de la santé. Une réunion annuelle des Ministres de la santé sera organisée afin d'assurer le suivi et l'évaluation de la mise en œuvre du présent protocole de coopération. Les Etats participants s'engagent à mettre en place des mesures appropriées de coopération administrative frontalière afin de minimiser les problèmes liés à la circulation des personnes et des biens en cas d'épidémie. En prenant le présent protocole comme point de départ et comme catalyseur, les Etats participants ont l'intention d'étendre leurs domaines de coopération et de créer progressivement un espace sanitaire sous-régional doté de mécanismes opérationnels et de ressources adéquates. Chapitre 5 : Conclusion Nous soussignés, persuadés de la pertinence et de la faisabilité de la coopération entre les Etats participants - nous engageons solennellement à mettre en œuvre le plan de coopération annexé ci-après, en vue d'assurer une lutte coordonnée contre les épidémies notamment de méningite, de choléra, de rougeole et de fièvre jaune dans la sous – région de l'Afrique de l'ouest, l'Algérie et le Tchad ; - appelons tous les partenaires à poursuivre leur coopération technique et financière dans le domaine de la lutte contre les épidémies en se référant aux priorités nationales et sous régionales exposées dans ce protocole ; - prions l'Organisation mondiale de la santé, conformément à son mandat, de coordonner toutes les actions d'appui international à la mise en œuvre de ce protocole, que ce soit dans le domaine technique ou dans celui de la mobilisation des ressources auprès de la communauté internationale. Tout pays appartenant au même bloc épidémiologique pourra, à sa demande, adhérer au présent protocole. Le présent protocole de coopération entrera en vigueur dès sa signature. Fait à Ouagadougou le 25 octobre 1996, NB : Protocole signé par les ministres de la santé et de l’intérieur des pays du bloc épidémiologique ouest africain. République du Mali Modibo Sidibé Lieutenant colonel Sada Samaké Ministre de la santé, de la solidarité Ministre de l’administration territoriale et des personnes âgées et de la sécurité, République du Niger Madame Abdoulaye Mariama Sambo Pour Ministre de la santé publique, Le Ministre de l'intérieur, Monsieur Bargagi Abdou Secrétaire général adjoint, Federal Republic of Nigeria Docteur Ihechukwu Madubuike Honourable Minister of Health République du Sénégal Pour le Ministre de la Santé et de l'Action sociale Monsieur Abdoul Aziz Diop Directeur de cabinet République du Tchad M. Kedellah Younouss Hamid Docteur Ngartola Ngarbaroum Ministre de la santé publique Secrétaire d’Etat à l’intérieur et à la sécurité République du Togo M. Sama Koffi Pour le Ministre de l’intérieur et de la Ministre de la santé sécurité du Togo Djibril ET. Tchagbeleh Attaché de cabinet Pour l’Organisation mondiale de la santé For the World Health organization Docteur Ebrahim Malick Samba Protocole de coopération pour la lutte contre les épidémies dans les pays d’Afrique de l’ouest, l’Algérie et le Tchad, 25 octobre 1996 à Ouagadougou. |