Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’OUA sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, 24-27 avril 2001, Abuja, Nigeria
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Déclaration d’Abuja sur le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes
1.Nous , Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), réunis les 26 et 27 avril 2001 à Abuja (Nigeria), en une session spéciale de notre Conférence consacrée spécifiquement à l’examen des défis exceptionnels posés par le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, à l’invitation de S.E.
le Président Olunsegun Obasanjo de la République Fédérale du Nigeria et, conformément à l’accord intervenu à la Trente sixième session ordinaire de notre Conférence du 10 au 12 juillet 2000 à Lomé (Togo).
2.Nous sommes réunis à Abuja pour entreprendre une étude et une évaluation critique de la situation et des conséquences de ces maladies en Afrique et réfléchir davantage sur les nouveaux moyens que nous, dirigeants de notre continent, pourrions mettre en œuvre pour renforcer les interventions actuelles réunies et pour mettre en place de nouvelles politiques plus appropriées, des stratégies pratiques, des mécanismes de mise en œuvre efficaces et des structures de suivi concrètes aux niveaux national, régional et continental, en vue de mener, de manière efficace et adéquate, la lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes dans notre continent.
3.Nous sommes vivement préoccupés par la propagation rapide de l’infection par le VIH dans nos pays et par les décès de millions de personnes causés par le SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes à travers le continent en dépit des sérieux efforts déployés par nos pays pour combattre ces maladies. L’Afrique est exceptionnellement touchée par l’épidémie du VIH/SIDA. Cette épidémie généralisée touche une large couche de nos populations, décimant ainsi la population adulte, groupe le plus productif, et entraînant dans son sillage des millions d’orphelins et des structures familiales disloquées.
4.Nous reconnaissons le rôle de la pauvreté, de la malnutrition et du sous développement dans l’accroissement de la vulnérabilité. Nous sommes préoccupés par les décès de millions d’enfants africains causés par le SIDA et d’autres maladies infectieuses dont on peut assurer la prévention. Nous sommes également préoccupés par l’impact particulièrement dévastateur de ces maladies sur les enfants et les jeunes qui représentent l’avenir de notre continent, la détresse de millions d’enfants orphelins du SIDA et l’impact sur le système social de nos pays.
5.Nous sommes tout particulièrement préoccupés par l’incidence élevée de la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant, étant donné notamment les défis que pose l’allaitement maternel dans le contexte de l’infection à VIH sur le continent.
6.Nous reconnaissons que des efforts particuliers devraient être déployés pour protéger les enfants africains contre ces pandémies et leurs conséquences, et que la participation pleine et effective des jeunes aux programmes de prévention et de lutte est essentielle pour assurer la réussite de ces programmes.
7.Nous reconnaissons que biologiquement les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à l’infection à VIH. En outre, les inégalités économiques et sociales et le rôle du genre traditionnellement accepté les placent dans une position d’infériorité vis-à-vis des hommes.
8.Nous reconnaissons les besoins spéciaux et les défis que pose la pandémie du VIH/SIDA aux jeunes et qui les rendent vulnérables à l’infection et aux effets négatifs de l’épidémie.
9.Nous reconnaissons que la pratique de l’abus des drogues injectables caractérisée par l’échange d’aiguilles contaminées dans certains pays africains est source de préoccupation majeure. L’abus d’alcool, de marijuana et d’autres drogues invalidantes qui ne cesse d’augmenter chez les jeunes accroît leur vulnérabilité à l’infection à VIH.
10.Nous reconnaissons le rôle essentiel que l’éducation, dans son sens le plus large, a joué et continuera de jouer dans la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique. L’éducation constitue l’instrument le plus puissant et le plus rentable pour transmettre au plus grand nombre de personnes, l’information et les stratégies de développement personnel qui encouragent les changements de comportement à long terme.
11.Nous reconnaissons que les migrations forcées pour cause de genre, de conflits et de catastrophes naturelles et pour des raisons économiques entraînent une vulnérabilité plus grande et la propagation de la maladie. Nous notons qu’une attention particulière doit être accordée aux migrants, aux populations nomades, aux réfugiés et aux personnes déplacées, dans les politiques nationales et régionales. Nous notons également qu’une attention particulière devrait être accordée au trafic des êtres humains et à son impact sur le VIH/SIDA.
12.Nous sommes conscients que la stigmatisation, le silence, le rejet et la discrimination vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH/SIDA accroissent l’impact de l’épidémie et constituent une contrainte majeure à une riposte efficace. Nous reconnaissons l’importance d’une implication plus grande des personnes vivant avec le VIH/SIDA
13.Nous reconnaissons que l’épidémie du VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes constitue non seulement une crise de santé majeure mais également une menace exceptionnelle pour le développement, la cohésion sociale, la stabilité politique, la sécurité alimentaire de l’Afrique ainsi que la plus grande menace à la survie et à l’espérance de vie des populations africaines. Ces maladies qui sont elles-mêmes exacerbées par la pauvreté et les situations de conflits dans notre continent entraînent également un fardeau économique dévastateur par la perte de capital humain, la réduction de la productivité et le détournement de ressources humaines et financières au profit des soins et des traitements.
14.Nous reconnaissons la nécessité d’intensifier nos efforts dans tous les domaines de la recherche, tels que la médecine traditionnelle et la mise au point de vaccins.
15.Nous sommes fermement convaincus que maîtriser et vaincre l’épidémie du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses devront constituer notre priorité majeure pendant le premier quart du 21ème siècle. Nous sommes également convaincus que la lutte contre ces épidémies devrait être partie intégrante de notre programme continental avec pour objectif de promouvoir la réduction de la pauvreté, le développement et la paix durable, la sécurité et la stabilité politique, conformément au Programme du Millénaire pour le redressement de l’Afrique.
16.Nous reconnaissons et nous félicitons les efforts consentis par nos gouvernements nationaux respectifs, notre Organisation continentale et ses communautés économiques régionales, les ONG nationales et internationales, la société civile, y compris les jeunes, les femmes, les personnes handicapées, les organisations religieuses, les organisations sportives, les syndicats, les organisations des employeurs, les tradipraticiens, les chefs traditionnels, les personnes vivant avec le VIH/SIDA, et les autres individus qui aident, soutiennent et sensibilisent nos populations à la menace du VIH/SIDA et des infections opportunistes connexes, ont apporté dans la sensibilisation connexe, y compris les infections sexuellement transmissibles (IST).
17.Nous reconnaissons le soutien de la communauté internationale, y compris le système des Nations Unies, ses institutions spécialisées et ses programmes, les agences bilatérales, le secteur privé et autres communautés et parties prenantes, ont apporté dans la sensibilisation et la lutte contre le fléau du VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes en Afrique.
18.Nous reconnaissons en outre que pour mettre efficacement en œuvre une approche et une campagne globale et multisectorielle de lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, il convient de mobiliser des ressources financières et humaines suffisantes aux niveaux national et international.
19.Nous reconnaissons la nécessité de créer une source durable de revenus pour financer les programmes de lutte contre le VIH/SIDA.
20.Nous reconnaissons l’importance du leadership à tous les niveaux dans la lutte contre le VIH/SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes sur notre continent. A cet effet, nous apprécions l’importance spéciale du « Consensus et du Plan d’action africain : un leadership pour vaincre le VIH/SIDA » adoptés par le Forum pour le développement de l’Afrique – 2000 – en tant que résultat d’un vaste processus de consultations avec toutes les parties prenantes.
21.A cet égard, nous rappelons et renouvelons notre engagement envers toutes les décisions, déclarations et résolutions pertinentes prises dans le domaine de la santé, du développement et de la lutte contre le VIH/SIDA, en particulier « la Déclaration de Lomé sur le VIH/SIDA en Afrique » de juillet 2000 et la « Décision sur le Partenariat international pour la lutte contre le VIH/SIDA » adoptée à Alger en 1999.
22.NOUS CONSIDERONS le SIDA comme un état d’exception sur le continent. A cet égard, toutes les contraintes tarifaires, économiques et les conditionnalités à l’accès au financement dans le cadre de la lutte contre le SIDA doivent être levées.
DECLARONS SOLENNELLEMENT CE QUI SUIT :
23.NOUS DECIDONS de faire de la lutte contre le VIH/SIDA une haute priorité dans nos plans nationaux de développement. A cet effet, NOUS SOMMES RESOLUS à renforcer les capacités de nos gouvernements à prévenir et à lutter contre le fléau du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes en adoptant une stratégie globale multisectorielle impliquant tous les secteurs de développement concernés de nos gouvernements et à promouvoir une vaste mobilisation de nos sociétés à tous les niveaux, y compris les organisations communautaires, la société civile, les ONG, les secteurs privés, les syndicats, les médias, les organisations religieuses, les écoles, les organisations de jeunes, les organisations de femmes, les organisations des personnes vivant avec le VIH/SIDA et autres individus aident, soutiennent et sensibilisent nos populations à la menace du VIH/SIDA et autres infections opportunistes connexes, et nous sommes également résolus à protéger celles qui ne sont pas encore infectées, en particulier les femmes, les enfants et les jeunes par le biais de programmes de préventions appropriés et efficaces.
24.A cet effet, NOUS ENGAGEONS A ASSUMER UNE RESPONSABILITE PERSONNELLE ET A SUPERVISER LA CONDUITE DES ACTIVITES des Comités/Conseils nationaux de lutte contre le SIDA. NOUS DECIDONS DONC d’être à l’avant-garde de la lutte contre le VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes en veillant personnellement à ce que ces organes soient préparés comme il se doit à mobiliser l’ensemble de nos sociétés et en mettant l’accent sur la prise de décision et la mise en œuvre programmes unifiés au niveau national, et en assurant la coordination de tous les secteurs à tous les niveaux, compte tenu des préoccupations des femmes et dans le respect des droits de l’homme, en particulier pour garantir l’égalité des droits aux personnes vivant avec le VIH/SIDA.
25.NOUS NOUS ENGAGEONS EN OUTRE A VEILLER à ce que le leadership soit exercé par chacun dans son domaine de compétence dans la lutte contre le VIH/SIDA, de la Tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes. NOUS DECIDONS PAR CONSEQUENT d’entériner le « Consensus et le plan d’action africain : Un leadership pour vaincre le VIH/SIDA » adopté par le deuxième Forum pour le Développement de l’Afrique sur le « SIDA : un défi sans précédent pour les leaders » organisé par la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), en collaboration avec l’OUA, l’ONUSIDA et l’OIT (Addis Abéba, 3-7 décembre 2000).
26.NOUS NOUS ENGAGEONS à prendre toutes mesures nécessaires à la mobilisation des ressources nécessaires auprès de toutes les sources et pour qu’elles soient utilisées de manière judicieuse et efficace. En outre, NOUS, NOUS ENGAGEONS à fixer un objectif de 15% au moins de notre budget annuel à allouer à l’amélioration du secteur de la santé. NOUS NOUS ENGAGEONS EGALEMENT à dégager les ressources nécessaires pour une riposte multisectorielle globale et à veiller à ce qu’une partie appropriée et adéquate de ce montant soit mise à la disposition des Comités/Conseils nationaux de lutte contre le VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes.
27.NOUS DEMANDONS au Secrétariat de l’OUA, en collaboration avec la BAD, la CEA et toutes les autres institutions partenaires, en particulier l’OMS et l’ONUSIDA, d’aider les Etats membres à formuler une politique à échelle continentale en vue d’une stratégie d’assistance internationale pour la mobilisation de ressources financières additionnelles.
28.NOUS LANCONS un appel aux pays donateurs pour qu’ils appuient nos efforts de mobilisation des ressources pour la lutte contre le fléau du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes étant donné que l’Afrique ne peut pas avec ses capacités limitées fournir les ressources financières substantielles requises. A cet égard, NOUS INVITONS les pays à réaliser entre autre, l’objectif de 0,7% de leur PNB sous forme d’aide publique au développement (APD) en faveur des pays en développement.
29.NOUS APPUYONS la création d’un fond mondial pour la lutte contre le SIDA à financer par la communauté des donateurs à hauteur de 5 à 10 milliards de dollars américains et qui soit accessible à tous les pays affectés pour leur permettre de mettre en œuvre les plans d’action, y compris les programmes de fourniture de médicaments antirétroviraux aux populations d’Afrique.
30.NOUS NOUS ENGAGEONS à mobiliser toutes les ressources humaines, matérielles et financières nécessaires pour fournir les soins et le soutien à nos populations infectées par le VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes, et à renforcer le système de santé afin de fournir les soins et le soutien requis, de même qu’à organiser des réunions d’évaluation de la réalisation de ces objectifs d’accès aux soins.
31.NOUS DECIDONS de promulguer et d’appliquer les législations appropriées et d’utiliser les règlements commerciaux internationaux pour assurer la disponibilité des médicaments à des coûts abordables et celles des technologies pour le traitement, les soins et la prévention du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes. NOUS DECIDONS EGALEMENT de prendre des mesures immédiates pour les exonérations fiscales et autres incitations en vue de la réduction des prix des médicaments et de toutes les autres fournitures dans les services de soins de santé pour une amélioration accélérée de la santé des populations.
32.NOUS NOUS ENGAGEONS à explorer et à développer d’avantage le potentiel de la médecine traditionnelle et des tradipraticiens dans la prévention, les soins et la gestion du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes.
33.NOUS NOUS ENGAGEONS à soutenir la mise en place d’un vaccin efficace, abordable et accessible contre le VIH, adapté à l’Afrique. En conséquence nous soutenons le « Programme de vaccin contre le SIDA en Afrique » (AAVP), ses partenaires de coopération, les partenaires internationaux et les institutions résolues à faciliter la recherche et le test d’un vaccin contre le VIH en Afrique.
34.NOUS NOUS ENGAGEONS à partager les expériences de réussite en vue d’assurer leur pérennité et de les renforcer pour une plus large diffusion, tout en étant conscients des défis qui se posent encore à nous, en particulier dans le domaine de l’alimentation des enfants.
35.NOUS NOUS ENGAGEONS à renforcer le rôle de l’éducation et de l’information dans la lutte contre le VIH/SIDA, compte tenu du rôle que l’éducation, dans son sens le plus large, joue en tant qu’outil efficace permettant d’atteindre le plus grand nombre de personnes.
36.NOUS NOUS ENGAGEONS à mettre en place et à renforcer les programmes spéciaux en faveur des jeunes afin d’épargner à cette génération le SIDA.
37.NOUS RENOUVELONS, dans le cadre de l’esprit de notre Déclaration de Sirte du 9 septembre 1999, LE MANDAT de nos frères, le Président Bouteflika d’Algérie, le Président Mbeki d’Afrique du Sud, le Président Obasanjo du Nigeria, à poursuivre en notre nom, les discussions avec nos créanciers dans le but d’obtenir l’annulation totale de la dette extérieure de l’Afrique en faveur d’un investissement accru dans le secteur social.
38.NOUS APPROUVONS, la Déclaration d’Abuja sur le VIH/SIDA, de la Tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes ; NOUS NOUS ENGAGEONS à assurer la promotion aux niveaux national, régional et international ; et NOUS NOUS ENGAGEONS EGALEMENT à assurer une participation massive des chefs d’Etats et de Gouvernement, à la Session Extraordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le VIH/SIDA prévue du 25 au 27 juin 2001 afin que la session adopte des décisions concrètes et urgentes pour la lutte contre le VIH/SIDA en Afrique, y compris la lutte contre la pauvreté et la réduction de la dette de l’Afrique.
39.NOUS DEMANDONS au secrétaire Général de L’OUA, en collaboration avec la CEA, l’ONUSIDA, l’OMS, l’UNICEF, le PNUD, l’OIT, le FNUAP, la FAO, l’UNESCO, l’UNIFEM, l’OIM, le PNUCID et d’autres partenaires de suivre la mise en œuvre des résultats du présent Sommet et de faire rapport aux sessions ordinaires de notre Conférence.
40.NOUS DONNONS mandat au Gouvernement de la République Fédérale du Nigeria, de faire rapport sur les conclusions du présent Sommet africain sur le VIH/SIDA, de la Tuberculose et des autres maladies infectieuses connexes à la conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement qui se tiendra à Lusaka (Zambie) en juillet 2001.
Fait à Abuja (République Fédérale du Nigeria), Le 27 avril 2001